Introduction
L’arthroplastie est actuellement le gold standard du traitement de l’arthrose sévère en échec de traitement médical, car elle améliore de manière significative la qualité de vie des patients, soulage leur douleur et restitue une autonomie précieuse. Il s’agit de l’une des opérations les plus fréquente dans le monde. L’infection de prothèse de genou est une complication rare (1 à 2%) mais redoutée. Sa prise en charge nécessite une coordination entre votre chirurgien, les infectiologues et votre médecin traitant. L’identification du germe responsable de l’infection est essentielle. Elle guide le choix de l’antibiotique et est un critère décisif de la stratégie chirurgicale. Une antibiothérapie ne devrait jamais été introduite en l’absence de prélèvements microbiologiques.
Schématiquement, il existe deux types d’infection du site opératoire : Les infections précoces (<1mois) généralement liées à la contamination de la cicatrice et les infections tardives (>1mois) plus généralement liées à une contamination par le sang (hématogène) d’un germe présent dans la sphère ORL/Digestive/urinaire.
Quels sont les facteurs de risque de développer une infection?
Généralement, on regroupe les facteurs de risque en deux catégories : ceux liés au patient et ceux en rapport avec la chirurgie. Parmi les risques liés aux comorbidités du patient, on retrouve le sexe masculin, l’obésité, le diabète sucré, l’arthrite rhumatoïde, l’immunodépression ou la prise de corticoïdes au long cours, les tumeurs malignes, et le tabagisme.
En ce qui concerne la chirurgie initiale, l’infection est plus fréquente en cas de prothèses de révision, d’arthroplastie bilatérale, de durée opératoire supérieure à 2 heures 30, et de complications post-opératoires (hématomes, retard de cicatrisation…).
Comment prévenir le risque d'infection sur prothèse?
Avant d’envisager la pose d’une prothèse articulaire, il est indispensable de respecter des règles hygiéno-diététiques, de suivre les règles de prévention et de respecter les consignes post-opératoires données par le chirurgien.
Avant la chirurgie :
- L’arrêt du tabac est essentiel car il améliore le processus de cicatrisation postopératoire.
- Tout diabète devra être équilibré.
- Avoir un bon état cutané. Le chirurgien s’assurera de l’absence de plaie ou d’infection sur le membre opéré avant la chirurgie. Le patient réalisera une douche bétadinée la veille et le matin de l’intervention. Il est aussi recommandé de porter des affaires propres avant d’aller à l’hôpital. La dépilation ou le rasage ne sont plus recommandés.
- Les infiltrations intra-articulaires de corticoïdes contre-indiquent la pose de prothèse dans les mois suivant l’injection.
- Avant votre intervention, le médecin généralistes s’assurera de l’absence de foyer infectieux ORL ou pulmonaire et un chirurgien dentiste vérifiera l’absence de foyer infectieux dentaire.
Pendant la chirurgie :
- L’intervention se déroule en milieu stérile.
- Le lavage chirurgicale des mains est obligatoire avant tout geste chirurgical
- Le membre opéré sera désinfecté avant le geste chirurgical.
- Des antibiotiques seront administrés avant la pose d’une prothèse.
Après la chirurgie :
- Les règles hygiéniques doivent être poursuivies après l’intervention.
- Les soins de cicatrise devront être réalisé par une infirmière diplômée d’état. En aucun cas, le patient refera son pansement lui-même. En cas de pansement tâché, souillé ou mouillé, l’infirmière devra repasser faire le pansement. En cas de décollement du pansement lié à un hématome, il est recommandé de renforcer le pansement par des compresses et un nouveau pansement en attendant la venue de l’infirmière.
- Ne pas mettre de crème ou de pommade cicatrisante si le processus de cicatrisation est encore en cours.
- Ne pas laisser la cicatrice à l’air.
- La recherche de foyer infectieux doit se poursuivre régulièrement après l’intervention chirurgicale.
Comment prendre en charge une infection précoce sur prothèse?
Les infections précoces apparaissent quelques jours ou quelques semaines après une intervention chirurgicale. L’aggravation de l’état général du patient est relativement rapide. Ce diagnostic est à évoquer devant un ensemble de symptômes évocateurs tels que la fièvre, les douleurs, un écoulement et/ou une cicatrice inflammatoire.
Devant ce tableau clinique, un bilan complémentaire est nécessaire. Une analyse sanguine (NFS, CRP) recherchera une élévation des globules blancs (polynucléaires neutrophiles) et de la CRP. Et une radiographie vérifiera le bon positionnement des implants et l’absence de fracture per-opératoire.
En cas de forte suspicion d’infection précoce, le patient sera hospitalisé dans les plus brefs délais pour réaliser un nettoyage péri prothétique au bloc opératoire, associé à des prélèvements bactériologiques et à un changement des pièces mobiles de la prothèse. Une antibiothérapie probabiliste à large spectre sera introduite par voie intra-veineuse immédiatement après les prélèvements microbiologiques. Elle couvre dans un premier temps, les germes en cause les plus fréquents.
Le patient sera ensuite transféré dans le service d’infectiologie à l’IHU méditerranée du Professeur STEIN à Marseille pour surveiller la tolérance aux antibiotiques, et adapter le traitement en fonction des résultats microbiologiques. Après avoir identifié le ou les germes responsables de l’infection, des antibiotiques spécifiques seront administrés par voie orale ou par voie intra-veineuse selon le type et la virulence de l’agent pathogène. La durée de traitement dépend du germe.
Un suivi clinique régulier permettra de vérifier l’amélioration clinique, la normalisation du bilan sanguin, et la tolérance aux antibiotiques. Au terme du traitement, et après accord de nos confrères infectiologues, les antibiotiques seront arrêtés. Le chirurgien s’assurera de l’absence de résurgence de l’infection par un examen clinique régulier. En l’absence de nouveaux symptômes, le patient sera considéré comme guéri.
Comment prendre en charge une infection tardive sur prothèse?
Les infections tardives sont plus difficiles à diagnostiquer car les symptômes varient d’un patient à un autre. Clairement, il faut évoquer une infection tardive en cas de persistance ou d’aggravation de douleurs de genou, de diminution progressive du périmètre de marche, de syndrome inflammatoire chronique, ou de descellement des implants prothétiques.
L’interrogatoire et l’examen clinique permettent d’orienter le diagnostic. L’imagerie (scintigraphie osseuse, radiographies standards, Scanner…) et une prise de sang (NFS-Vs-CRP…) permettent dans la grande majorité des cas de confirmer la cause des douleurs.
Avant d’envisager tout geste chirurgical, et devant une suspicion d’infection tardive, la ponction articulaire sous contrôle radiologique au bloc opératoire est indispensable. Elle a pour but d’identifier un éventuel germe avant une chirurgie plus lourde.
En cas d’infection tardive, la prise en charge varie d’une région à l’autre. Nous optons pour la solution en deux temps. Le premier temps correspond au retrait de l’ensemble des implants, à la réalisation de prélèvements microbiologiques, et à la mise en place d’un Spacer au ciment aux antibiotiques. Selon les constatations per-opératoires, le chirurgien décidera ou non d’introduire une antibiothérapie probabiliste avant d’avoir les résultats bactériologiques.
Le patient sera ensuite transféré dans le service d’infectiologie à l’IHU méditerranée du Professeur STEIN à Marseille pour surveiller la tolérance aux antibiotiques, et adapter le traitement en fonction des résultats microbiologiques. Après avoir identifié le ou les germes responsables de l’infection, des antibiotiques spécifiques seront administrés par voie orale ou par voie intra-veineuse selon le type et la virulence de l’agent pathogène. La durée de traitement dépend du germe.
Un suivi clinique régulier permettra de vérifier l’amélioration clinique, la normalisation du bilan sanguin, et la tolérance aux antibiotiques. Le second temps aura lieu 6 semaines à 3 mois après le premier temps si le patient ne présente plus de symptômes et que son bilan biologique est normal. Le chirurgien reposera alors une nouvelle prothèse. L’antibiothérapie sera poursuivie après le geste chirurgical.
Au terme du traitement, et après accord de nos confrères infectiologues, les antibiotiques seront arrêtés. Le chirurgien s’assurera de l’absence de résurgence de l’infection par un examen clinique régulier. En l’absence de nouveaux symptômes, le patient sera considéré comme guéri.